En hiver les températures extérieures descendent habituellement en dessous des 15*C nécessaires pour que la matière fermentée, mélangée à de la terre, se transforme en terre vivante.
Nos collègues Suédois, chez qui il gèle 6 mois par an, ont trouvé cette solution ingénieuse: la Fabrique à terre…d’intérieur.
Pour cela il vous faudra:
- un CONTENANT, bac, sac, baril, seau, boîte type ‘curver’, caisse ou tout autre récipient SANS TROUS au fond. On l’utilisera uniquement pour ‘fabriquer’ de la terre: on n’y plantera pas dedans.
- de la TERRE. Même usée comme par exemple celle des jardinières épuisées. Ou un peu de terre du jardin. Evitez par contre la tourbe en sacs: elle est stérilisée, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de ‘vie’ à apporter à votre mélange terre-bokashi et elle provient de tourbières qui s’épuisent, ce qui n’est pas écologiquement ‘durable’. Si vous prenez du compost de votre pile au fond du jardin, assurez-vous qu’il soit tout à fait mûr: vous pourriez vous retrouver avec des larves de mouches…qui s’en donneront à coeur-joie lorsque vous leur apportez du bokashi. Et vu qu’on veut garder notre fabrique à terre à l’intérieur, on n’a pas envie d’avoir une armée de mouches soldat noires dans notre garage/cave.
- Une petite pelle pour mélanger
La fabrique à terre peut être gardée en intérieur ou extérieur: cela dépend des températures et…de vos besoins.
Cette technique peut être utile en été aussi, lorsque toutes vos surfaces sont occupées par des cultures: vous produisez ainsi de la terre dans votre ‘fabrique’ et la récoltez pour la déposer ensuite en surface de vos planches de culture, bordures, plantes.
Les proportions Bokashi-fermenté / Terre peuvent varier entre 1/2 : 1/2 (volume égal des deux) et 1/3 : 2/3 (double volume de terre par rapport à la matière fermentée).
Commencez par déposer la terre au fond de votre contenant, en en réservant une quantité suffisante pour recouvrir votre mélange à la fin. Si vous utilisez la proportion 1/3 bokashi : 2/3 terre, procédez ainsi:
1. Déposez au fond du contenant un premier 1/3 de terre.
2. Ajoutez ensuite le même volume de matière fermentée. Donc le 1/3 de bokashi.
3. Mélangez bien ces deux couchez pour faire en sorte que chaque morceau de matière fermentée soit enrobée de terre: cela accélérera la vitesse de transformation en humus.
4. Terminez par le dernier 1/3 de terre, SANS MÉLANGER. Cette dernière couche forme un ‘couvercle’ qui laisse respirer votre mélange tout en limitant le contact direct de l’air.
5. Attendez entre 1 à 3 mois selon que vous êtes en intérieur/extérieur.
Vous pouvez vérifier l’état de transformation après un mois en creusant un petit trou, mais évitez un maximum de remuer votre mélange: cela apporterait de l’oxygène et donc le développement d’une autre type de bactéries (qui produisent de la chaleur, comme dans les piles de compost) que celles que nous souhaitons (anaérobiques). La chaleur est de l’énergie et nous préférons la garder dans la terre pour les plantes qui s’en nourriront par la suite.
La dimension des morceaux de restes alimentaires joue aussi sur la vitesse de transformation: plus petits ils sont, plus vite ça ira. Mais cela n’est pas strictement nécessaire si vous avez un brin de patience.
Lorsque vous ne reconnaissez plus les restes d’aliments et qu’ils sont transformés en humus (il restera quelques coquilles d’oeuf et élément plus coriaces..), vous pouvez ‘récolter’ une partie de votre nouveau terreau et l’utiliser. Laissez-en une partie dans votre fabrique à terre: vous l’utiliserez pour y mélanger votre prochain seau de matière fermentée-bokashi.
EN INTERIEUR
Si vous gardez votre fabrique à terre à l’intérieur, une température idéale de +20°C permettra une transformation complète en un mois approximativement. Certaines familles nordiques gardent leur ‘fabrique’ dans leur salle de bain avec chauffage au sol: cela peut paraître bizarre, mais ils arrivent ainsi à une transformation complète en plus ou moins deux semaines !
Entre 15°C et 20°C la transformation en humus sera beaucoup plus lente et en dessous de 6°C il n’y aura pas grand chose qui bouge, mais vous pouvez ‘stocker’ votre mélange pour le printemps.
Il ne faut pas fermer hermétiquement votre contenant: la terre doit pouvoir respirer et en même temps ne doit pas s’assécher complètement. Si vous voulez, vous pouvez le recouvrir d’un moustiquaire (surtout si vous avez récupéré de la terre d’un compost), un vieux drap ou poser une planche par dessus en veillant à laisser un peu d’air circuler.
Votre contenant n’a pas besoin de trous de drainage (sinon vous vous retrouveriez avec de la terre partout) et des bacs bas et larges marchent apparemment mieux que ceux étroits et hauts.
EN EXTERIEUR
Le concept de base est le même sauf qu’il vous faudra impérativement avoir des trous au fond de votre contenant, afin de pouvoir drainer l’eau de pluie. Si le fond de votre mélange détrempe il deviendra rance et l’odeur sera particulièrement déplaisante!
Si vous avez des animaux, vous voudrez peut-être vous assurer qu’ils n’iront pas creuser dedans: quelques planches en bois par dessus ou une grille devraient faire l’affaire.
En extérieur les temps de transformation seront liés aux températures…donc lentes en hiver et bien plus rapides en été!